Vous avez certainement une ou plusieurs causes à défendre.

Vous mobilisez votre empathie envers cette cause qui vous semble vraiment importante à faire connaître et aux problèmes qu’il faut régler.

Vous êtes quelqu’un d’empathique et votre empathie vous pousse à agir.

Mais si demain, au nom de cette même empathie, vous décidez de porter une action hors-la-loi voire criminelle pour vous faire entendre, vous allez basculer dans le monde tragique d’un phénomène encore trop peu connu : l’empathie misanthrope.

(La transcription de l’audio en texte est disponible plus bas)

🟠 L’épisode :

00:00 ⇒ Introduction de l’épisode

00:52 ⇒ C’est quoi l’empathie misanthrope ?

04:49 ⇒ Le meurtre du Docteur Gunn au nom du droit à la vie.

06:10 ⇒ Rejoignez-moi sur la Newsletter du site

06:41 ⇒ Les attentats d’Unabomber et la lutte contre les dérives des technologies.

08:25 ⇒ L’empathie n’est pas une valeur morale !

10:25 ⇒ Conclusion

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Ce podcast s’accompagne d’un magazine gratuit « La petite Histoire » qui vous propose des articles et analyses complètes autour d’histoires de manipulations historiques ou contemporaines.
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🟠 « La petite Histoire des manipulations » est un podcast dédié à la prévention et à l’éducation contre les manipulations.

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LinkedIn : Coraline Hausenblas

🟠 Je suis Coraline Hausenblas, experte en analyse d’écriture et de documents.
Ancienne psychomotricienne Diplômée d’Etat, mon travail repose sur une approche transdisciplinaire qui mêle psychologie, psychomotricité, linguistique et criminologie.

Je suis membre de l’International Association for Forensic and Legal Linguistics et formée à la psychologie criminelle par le Forensic Criminology Institute de Sitka, USA.

🟠 J’ai publié en mars 2022 une analyse d’écriture complète et chiffrée pour prouver que la « lettre du Titanic » est un faux document historique

Vous pouvez télécharger l’analyse scientifique complète

🟠 Transcription de l’épisode :

Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast, « La petite histoire des manipulations ». Ce podcast est consacré à la criminologie et à la criminalistique.

Je suis Coraline, experte en analyse de documents, et aujourd’hui on va parler d’un sujet dont on entend pas souvent parler : l’empathie misanthrope.

L’autre jour en me baladant sur le Net américain, je suis tombée sur un fil de discussion dont le sujet m’a surprise.

Dans ce fil de discussion, on parlait « d’empathes misanthropes ».

Et comme je me méfie la plupart du temps de ce que les gens racontent sur les réseaux sociaux, je me suis empressée d’aller refourrer mon nez dans ma bibliothèque pour refaire un tour sur le sujet de l’empathie.

Et j’en ai trouvé des choses intéressantes !

Donc on va essayer aujourd’hui de revenir un peu sur le sujet de l’empathie misanthrope pour comprendre déjà de quoi il s’agit.

Comme c’est un sujet très complexe, on va aujourd’hui se borner à poser les définitions et à illustrer le concept par deux exemples pour en comprendre le fond, et surtout rappeler quelques faits essentiels sur l’empathie.

On aura l’occasion de donner une suite à cet épisode, mais pour aujourd’hui, bornons-nous à voir ce qu’est l’empathie misanthrope.

Alors déjà, la première chose qui saute aux yeux, c’est que ces deux mots décrivent normalement des réalités très opposées.

On en a déjà parlé dans ce podcast avec les épisodes 12, 13, et 23, mais reposons rapidement la définition de ce qu’est l’empathie.

L’empathie, c’est la capacité à « se mettre à la place d’autrui », c’est à dire à finalement parvenir à capter chez l’autre suffisamment d’informations d’ordre émotionnel et comportemental pour parvenir à saisir ce qui se passe chez cette personne.

La misanthropie elle, c’est la méfiance ou la détestation profonde de l’être humain.

Alors autant dire que utiliser les mots « empathie » et « misanthropie » ensemble… ben faut oser.

Parce que ces deux termes semblent antagonistes, d’après leurs définitions respectives. Non seulement ils ne disent pas la même chose, mais en plus, ils semblent amener à des comportements humains totalement opposés.

Mais en réalité, on va voir dans cet épisode que le lien entre empathie et misanthropie est finalement bien plus logique que ce qu’on veut bien croire.

Mais, pour comprendre ce lien, encore faut-il accepter de rompre avec nos illusions sur ce qu’est réellement l’empathie.

Donc, on l’a vu, la notion d’empathie misanthrope est un concept complexe qui combine des éléments contradictoires.

Mais, mis ensemble, l’empathie misanthrope est la capacité à s’associer aux états émotionnels d’autres êtres vivants tout en ayant un profond mépris ou un rejet envers l’humanité.

On voit donc que l’empathie misanthrope, c’est finalement une ambivalence.

Un peu comme si d’un côté, « notre bon cœur » se sent vibrer aux malheurs des autres, tout en croyant qu’au fond, l’humanité ne vaut rien et que la planète se porterait sans doute mieux sans elle.

Et comme je pense que vous êtes en train de vous dire : « Mais qu’est-ce qu’elle raconte, c’est quand même bien alambiqué son histoire », on va voir ensemble deux exemples qui ont fait les gros titres dans les médias américains.

Le premier exemple, c’est celui du meurtre du docteur David Gunn en 1993.

Gun était un gynécologue obstétricien qui pratiquait des avortements en Floride.

Le 10 mars 1993, lors d’un rassemblement d’opposants à l’avortement, Michael Griffin prend à partie le médecin, et lui tire trois fois dessus.

Griffin sera condamné à 25 ans de prison, mais son action inspirera trois autres personnes à tuer elles aussi des médecins pratiquant des avortements.

Au nom du droit à la vie, on voit comment on peut légitimer le recours non seulement à la violence, mais à la mort.

C’est un non sens total, mais ça montre comment n’importe quelle cause peut faire l’objet d’un cheminement mental manipulatoire.

Dans l’épisode 26, on a parlé du procédé d’inversion accusatoire.

Et l’inversion accusatoire est essentielle à comprendre pour bien comprendre comment on peut à ce point, normaliser le recours à la violence et aux attentats au nom de valeurs ou de causes qu’on pense bonnes et justes.

Une petite parenthèse avant de continuer : n’oubliez pas que le meilleur moyen de lutter contre les manipulations, c’est d’apprendre comment elles fonctionnent !

Et pour ça, si cet épisode vous aide et que vous voulez aller encore plus loin pour combattre les manipulations, retrouvez-moi sur la Newsletter du site

C’est là que je réponds à vos questions et que je vous donne encore plus d’informations et de conseils.

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Alors, le deuxième exemple d’empathie misanthrope est en lien avec les protestations anti-système.

Certains activistes impliqués dans des mouvements anti-système ou anti-gouvernementaux peuvent afficher une forme d’empathie misanthrope.

Leur combat pour des idéaux politiques ou sociaux peut être motivé par une réelle préoccupation pour le bien-être général, mais en même temps, leur rejet du système établi et de certaines valeurs sociétales peut se traduire par des comportements qui peuvent porter atteinte à la sécurité des personnes, voire au meurtre.

L’un des exemples les plus extrêmes et criminels, on l’a vu ensemble dans l’épisode 27 de ce podcast.

Et c’est le cas d’Unabomber.

Le fameux texte écrit par Ted Kaczynski est un manifeste contre les technologies et leurs impacts sur la société.

Et si Kaczynski s’était borné à réfléchir et à écrire sur le côté sombre des technologies, cela n’aurait pas été un problème.

Mais tout a basculé quand il s’est mis à confectionner des bombes et les a envoyé à différents endroits des Etats-Unis pendant 12 ans.

L’empathie qui le menait à s’interroger sur de potentiels effets négatifs des technologies sur la société, a rencontré la haine qu’il avait pour ceux et celles qui travaillaient à rendre ces technologies viables.

Et 3 personnes en sont mortes, et plusieurs autres ont été blessées dans les actes terroristes d’Unabomber.

Donc, on a vu deux exemples où l’empathie misanthrope peut se déployer.

Mais il y en a évidemment beaucoup plus.

Et tous ont un même point commun.

Et ce point commun, c’est qu’au nom de l’empathie pour ce qui est au départ des causes que les gens pensent justes, la haine l’emporte et finie par devenir le mobile d’actes criminels.

Pour le dire autrement, de façon tout à fait spectaculaire, l’empathie devient la raison pour laquelle on commet des actes de haine.

Ou plutôt, on devrait dire que l’empathie devient l’excuse.

Car oui, un principe de manipulation de base, c’est de pouvoir légitimer les actes les plus terribles.

Ça se rapproche du principe d’inversion accusatoire qu’on a vu dans l’épisode 26, et ça permet de légitimer le recours à la violence extrême au nom du « Bien ».

Une raison de plus de se méfier des visions angéliques sur l’empathie et de se rappeler que l’empathie n’est pas une valeur morale !

Elle n’est que ce que l’on en fait !

Etre empathique ne veut pas dire « être gentil » ou « être bon ».

Etre empathique signifie simplement être capable de capter des informations d’ordres cognitif ou émotionnel chez un ou plusieurs êtres vivants.

Mais une fois que vous avez capté ces informations, vous en faites quoi ?

C’est la question essentielle !

Et ben, en réalité, vous en faites ce que vous voulez !

Vous pouvez les utiliser pour la justice ou vous pouvez les utiliser pour manipuler les autres… ou légitimer votre soif de sang.

Si cet épisode vous a été utile et que vous pensez qu’il pourrait aider d’autres personnes, n’hésitez pas à le partager.

En attendant, de vous retrouver jeudi dans quinze jours pour un nouvel épisode, n’oubliez pas :

« Un grand bobard commence toujours par une petite histoire. »