Avez-vous déjà été victime d’une manipulation ?
Vous allez peut- être être tenté de répondre en cœur : NON
et certains vont même l’affirmer haut et fort : « Moi je ne suis jamais manipulé parce que pour être manipulé, il faut être sacrément con ou naïf ».
On va donc voir dans cet épisode que ce genre de phrase peut être utile pour nous aider à bien dormir la nuit mais qu’en réalité, nous sommes toutes et tous des victimes potentielles …

(La transcription de l’audio en texte est disponible plus bas)

🟠 L’épisode :

00:00 ⇒ Introduction de l’épisode

00:50 ⇒ Manipuler c’est chercher à créer une victime

04:23 ⇒ Pourquoi la victimologie est essentielle

08:12 ⇒ Retrouvez-moi sur la Newsletter du site

07:30 ⇒ La différence entre « communiquer » et « manipuler »

08:47 ⇒ Le prochain épisode : l’analyse de document écrit

🟠 Envie d’aller plus loin dans les connaissances sur la manipulation ?

Ce podcast s’accompagne d’un magazine gratuit « La petite Histoire » qui vous propose des articles et analyses complètes autour d’histoires de manipulations historiques ou contemporaines.
Vous pouvez télécharger tous les numéros ici

🟠 « La petite Histoire des manipulations » est un podcast dédié à la prévention et à l’éducation contre les manipulations.

À chaque épisode, je vous présente une histoire de manipulation et vous propose d’analyser les techniques manipulatoires utilisées.
Chaque épisode se termine par quelques conseils pour éviter les situations de manipulation et en sortir.

🟠 Une question sur le magazine ou sur le podcast ?

contact@coralinehausenblas.com
LinkedIn : Coraline Hausenblas

🟠 Je suis Coraline Hausenblas, experte en analyse d’écriture et de documents.
Ancienne psychomotricienne Diplômée d’Etat, mon travail repose sur une approche transdisciplinaire qui mêle psychologie, psychomotricité, linguistique et criminologie.

Je suis membre de l’International Association for Forensic and Legal Linguistics et formée à la psychologie criminelle par le Forensic Criminology Institute de Sitka, USA.

 

🟠 J’ai publié en mars 2022 une analyse d’écriture complète et chiffrée pour prouver que la « lettre du Titanic » est un faux document historique

Vous pouvez télécharger l’analyse scientifique complète

🟠 Transcription de l’épisode :

Manipuler, c’est chercher à créer une victime.

Avant d’aller plus loin, il faut d’abord définir le terme « victime ».

Il y a beaucoup de définitions possibles mais, je retiens toujours celle que j’ai apprise lors de mon Travail d’Etude en L3 de psy sociale et qui est aussi celle du dictionnaire Larousse.

Est considérée comme victime : « Toute personne qui a subit un préjudice physique, moral ou matériel ».

On ne naît donc pas victime. On le devient quand on se retrouve dans une situation dans laquelle un événement extérieur s’impose à nous. Dans le cas des manipulations, on devient victime lorsque la personne manipulatrice nous prend pour cible et met en place des tactiques pour obtenir de nous ce qu’elle veut, sans que nous ayons notre mot à dire.

Les manipulations ont plusieurs visages. Elles se déploient dans nos relations, que ce soit dans un couple, au sein d’une amitié, d’une relation professionnelle ou encore en adhérant à un mouvement sectaire ou à une idéologie toxique.

Mais si les situations changent, ce qui reste stable c’est le fait que, derrière une manipulation c’est toujours nos capacités à communiquer, à faire relation qui sont ciblées.

Les manipulations fonctionnent car nous sommes des animaux sociaux. Nous avons besoin des autres, nous avons besoin de faire partis de groupes et d’être reconnus par nos pairs.

Nous sommes donc toutes et tous soumis en quelque sorte, aux regards des autres, et nous subissons des influences constantes, la plupart du temps d’ailleurs, de façon inconsciente.

Bien sûr nous aimons croire que nous sommes au-dessus de ça. L’idée très française, issue de la philosophie des Lumières, de croire à la puissance de la Raison avec un grand R nous pousse à croire que les émotions, les sentiments et de façon plus générale, le monde des affects, est quelque chose qui se domine et même qui se dompte.

Pourtant, qu’on en soit content ou non, les études scientifiques en neurosciences montrent depuis des décennies que tout ça, c’est du flan !

Pour résumer, nous sommes des êtres d’affects qui raisonnons après coup. Pour le dire autrement : nous éprouvons d’abord et nous réfléchissons après.

D’ailleurs, le marketing l’a très bien compris et ce, depuis longtemps. Pour vendre, on ne vous demande pas de réfléchir rationnellement au produit ou au service qu’on veut vous refourguer.

On vous vante une expérience, le fait qu’utiliser une marque vous classe parmi un groupe social etc.

C’est ce qu’on toujours fait des marques comme Coca-Cola ou Apple par exemple.

Et c’est parce que nous sommes des êtres d’affects que nous pouvons communiquer, créer des relations, aimer etc

Mais comme on le dit souvent sur ce podcast : la médaille à toujours deux faces.

Ce qui nous sert et aussi malheureusement, ce qui nous dessert.

Les manipulations sont des types de communications et à ce titre, elles jouent sur les mêmes leviers de communication.

Le problème c’est que ce type de communication est biaisé dès le départ et les relations qui s’en suivent n’ont qu’un but : créer une victime.

Pourquoi la victimologie est essentielle

Si nous comprenons que les situations de manipulations sont des communications, nous comprenons alors qu’un certain nombre de croyances sur les victimes doivent être mises au placard.

Voyons deux éléments essentiels à comprendre si on veut comprendre les victimes de manipulation.

Le premier élément c’est de comprendre qu’il n’existe pas de profil type des victimes.

On entend souvent des phrases du genre « elle s’est fait avoir parce qu’elle est trop bête » , ou « il s’est fait berner parce qu’il est trop naïf ».

Ramener le fait d’avoir été manipulé à un manque de capacité intellectuelle ou à un manque de bon sens est un raisonnement simpliste.

Ce genre de raisonnement sert souvent plus celui ou celle qui le tient, qui se sent rassuré mais, il contribue surtout à masquer un fait qui est le deuxième élément essentiel :

C’est le fait qu’on est toutes et tous des victimes potentielles

Dans mon livre j’ai cette phrase un peu sarcastique :

« Il nous est tous arrivé de nous faire avoir, et que ceux et celles qui se targuent de ne s’être jamais fait manipuler se rassurent : ce n’est qu’une question de temps… »

Je secoue un peu les personnes trop sûres d’elles qui blâment les victimes car elles contribuent, souvent par ignorance d’ailleurs, aux problèmes auxquels les victimes doivent faire face.

Comprendre le phénomène de manipulation implique nécessairement de comprendre ceux et celles qui en sont victimes. Ça n’implique pas de les moquer et encore moins de les blâmer.

Il faut donc comprendre ce qu’est la victimologie dans le cadre des comportements manipulatoires et cela implique de lutter contre les stéréotypes qui entourent encore trop souvent les victimes.

La lutte contre ces stéréotypes est importante pour deux raisons :

La première raison, c’est de permettre aux victimes de travailler à la restauration d’un certain nombre de notions.

Après une expérience de manipulation, la victime est fragilisée. Elle a perdu souvent du temps, parfois de l’argent mais surtout, son estime d’elle-même et sa confiance en elle.

Elle doute de sa capacité à communiquer, à établir de vraies relations et à se faire confiance et à faire confiance aux autres.

Ça peut paraître trivial dit comme ça, mais il s’agit de vrais traumatismes qui auront des conséquences à long termes.

Ces traumatismes doivent pouvoir être pris en charge. Ils ne sont pas moins importants que d’autres types de traumatismes et les victimes ont le droit de voir leurs préjudices morales et physiques pris en compte par les professionnels de santé et la justice.

La deuxième raison est d’ailleurs liée à la justice : c’est d’améliorer l’accès des victimes au système judiciaire.

Souvent, les victimes portent tellement le blâme de ce qui leur arrive, qu’elles n’osent pas porter plainte de peur qu’on se moque d’elles.

C’est un énorme problème car sans dépôt de plainte, il ne peut pas y avoir d’action en justice et donc les responsables ne sont jamais punis.

Cela a des conséquences sur les victimes elles-mêmes car ce sont leurs droits les plus basiques qui sont bafoués, mais, il y a aussi des conséquences sociales, plus générales.

Si, à cause de nos regards biaisés et ringards, les victimes n’ont pas accès à la justice, ce sont les manipulations qui ne font que se répandre toujours un peu plus.

C’est alors le sentiment d’impunité qui se renforce et les coupables n’ont plus qu’à continuer à trouver de nouvelles victimes.

Une petite parenthèse avant de continuer : N’oubliez pas que le meilleur moyen de lutter contre les manipulations, c’est d’apprendre comment elles fonctionnent !

Et pour ça, si cet épisode vous aide mais que vous voulez aller encore plus loin pour combattre les manipulations, retrouvez-moi sur la Newsletter du site

C’est là que je réponds à vos questions et que je vous donne encore plus d’informations et de conseils.

👇😃 A tout de suite ! 😃 👇

Dans le prochain épisode, on va parler des conclusions d’analyse d’écriture que j’ai rendue sur la fausse « lettre du Titanic ».

Ça sera l’occasion de revenir sur les conclusions d’analyse de document que j’ai rendue l’année dernière sur « la lettre du Titanic », cette fausse lettre prétendument écrite par une jeune fille avant le naufrage du célèbre paquebot.

On va consacrer les épisodes du mois d’avril à ce sujet, et on abordera la question des faux documents et surtout de comment je travaille pour les mettre en évidence.

En attendant de vous retrouver jeudi dans 15 jours,

je vous remercie d’avoir écouté cet épisode et n’oubliez pas :

« Un grand bobard, commence toujours par une petite histoire. »